5 juillet 2009

Nos silences

« Nos silences » de Wahiba KHIARI, édition Elyzad (Tunis). Distribué en France par Pollen.

Après la décennie noire, une jeune algérienne quitte son pays pur la Tunisie. Les autorités religieuses et politiques d’Algérie promulguent le pardon pour les actes criminels de l’intégrisme.
Violée régulièrement, à 16 ans, tous les soirs, dans un camp des « Cerbères de Dieu sur terre » comme ils se dénommaient eux-mêmes, sa sœur enlevée et assassinée par balles alors qu’elle cherchait à fuir, ses parents égorgés sous ses yeux, cette jeune algérienne décide de parler, d’écrire « pour tatouer l’indélébile mémoire », car le mal est trop profond.
Ce livre témoignage raconte la peur, la terreur nocturne (car les lâches n’opèrent que de nuit), les enlèvements et les violences faites aux filles, jeunes et vierges de préférence, dans le maquis.
L’auteur dit sa haine indélébile. Elle dit sa maternité et ses sentiments ambigus -refus ou joie, d’un enfant des viols.
Des êtres détruits au fond d’eux-mêmes qui mettent du temps à se reconstruire.
Un récit sincère, fort, vrai, plein de pudeur où la souffrance sourd au détour des pages. Roman construit en duo : le moi et un autre moi qui permet la distanciation.
Beau roman et livre agréable à la belle jaquette.

Citation : «Ecrire c’est aussi entailler la chair pour tatouer l’indélébile mémoire » (p.105).

Commentaire du Centre Francophonie de Bourgogne. Comment un Etat de Droit peut-il demander à des victimes innocentes de pardonner sans autre forme de procès? Comment peut-on pardonner quand on vu son père et sa mère, deux êtres les plus chers sur terre, égorgès comme des moutons, quand on a subi pendant de longs jours des viols à répétition, quand on sait que sa sœur, une très belle fille, a été mitraillée dans le dos lors de sa fuite ? Un violeur, un assassin, est un criminel. Que l’on se dise Cerbère de Dieu ne change rien. Un criminel est un criminel et un criminel doit être jugé et puni pour que la victime puisse faire son deuil et pardonner.

Quels sentiments peut-on avoir quand un criminel se promène en toute impunité près de chez soi alors que des êtres chers sont détruits à jamais !

Que peut-on penser aussi de ces autorités religieuses qui s’interrogent de longs mois pour savoir s’il faut permettre l’avortement ou non ? Qui pensent finalement que l’avortement était permis en Bosnie car commis par des Serbes orthodoxes mais interdits en Algérie car commis par des musulmans !!! Un Etat laïc n’est-il pas la meilleure réponse à toutes ces arguties religieuses, un Etat laïc où chacun est libre de croire comme il l'entend tout en respectant la croyance des autres!!!

3 juillet 2009

Le Centre Francophonie reçoit

Isabelle CADORE, écrivain et conteuse martiniquaise, les 3, 4 et 5 juin 2009, à Montchanin, Torcy, Sanvignes, St Sernin du Bois et Le Creusot (71).

Mohamed BAOUZZI, conteur marocain, les 17,18 et 19 juin, dans les mêmes villes, dans le cadre de projet « Histoires de toutes les couleurs », action pour faire découvrir la littérature jeunesse francophone. Projet en 3 temps : stage des intervenants animé par Viviana Quinones de la Joie par le livre, Centre National du livre pour enfants, prêt des centaines d’ouvrages pour l’année scolaire et venue de conteurs ou écrivains dans les classes, bibliothèques, etc..400 enfants concernés cette année.

Et enfin, l’écrivaine marocaine, Nadia CHAFIK, dialoguait avec des lecteurs à la bibliothèque municipale de St Léger sur Dheune (71) à 20h30, le 30 juin. Une salle pleine et attentive qui a découvert son dernier ouvrage de nouvelles «Nos jours aveugles »(résumé ci-dessous) et interrogé l’invitée du jour sur le Maroc, la société marocaine, la place des femmes, etc…Riche rencontre préparée avec soin par les bibliothécaires.

«Nos jours aveugles » Nouvelles. ( des femmes)
L’ouvrage emprunte son titre à une des 12 nouvelles
12 nouvelles qui abordent les Droits de l’Homme surtout de la Femme. Le mépris de l’autre, l’intolérance, la brutalité des maris ou leur trahison, l’arrogance du pouvoir, la place de la femme dans la société, les petites servantes
Belle écriture, beau style, belles comparaisons et descriptions
A travers ces 12 nouvelles, c’est la société maghrébine qui défile et s’expose. Nadia Chafik ne biaise pas, elle montre la vérité crue, même si elle dérange.
Nadia Chafik a publié trois autres romans :
«Filles du vent », roman, L’Harmattan
«Le secret des Djinns », roman, Eddif(Maroc)
«A l’ombre de Jugurtha », roman, Eddif/ Paris-Méditerranée
Nadia Chafik a aussi participé à un ouvrage collectif : «Mots de neige, de sable et d’océan », éditions du CDFM Québec, un ensemble de textes de littératures autochtones francophones (Québec, Afrique du Nord, Polynésie française et nouvelle Calédonie). Ouvrage dirigé par Maurizio Gatti, universitaire (Laval. Québec)

Les visiteurs du blog

Publication C.F.B

Publication C.F.B
Pour en savoir plus: "classement thématique" du site