12 novembre 2010

D'OR et d' OUBLIS

Titre : « D’or et d’oublis »
Auteur : Anne Cuneo (Suisse romande)
Editeur : Bernard Campiche.
Genre : roman policier

Très intéressant roman policier. Outre le meurtre traditionnel, la détective, Marie Machiavelli, se fait embaucher comme avocate stagiaire dans un cabinet d’avocats pour découvrir les dessous des dossiers des biens juifs en déshérence.
A travers cette enquête, Anne Cuneo a le mérite et le courage de dévoiler, au regard de l’Histoire, les comportements malhonnêtes de banquiers et/ou d’avocats Suisses qui se sont enrichis en s’appropriant les biens des Juifs Européens déportés ou disparus. Beaucoup d’héritiers n’ont jamais pu récupérer leurs biens (dossiers détruits, gardés, cachés, spéculation, etc…) Certains ignoraient complètement qu’ils possédaient un héritage en attente.
C’est une partie de l’histoire suisse qu’Anne Cuneo dévoile et, par la même occasion, a rendu mal à l’aise bien de ses compatriotes. En effet elle montre que les autorités de l’époque avaient facilité le financement de l’Allemagne nazie.
Récit méthodique, bien documenté, action bien menée. Roman qui pique notre curiosité et nous incite à la réflexion. Style alerte.

Commentaires
Anne Cuneo reprend, à juste titre, dans ce roman une citation du « Père Goriot » de Balzac, qui illustre à merveille la cupidité des hommes : « A l’origine de toute fortune, il y a un crime qu’on ignore » (p. 217).
Mais ce que l’histoire suisse dévoile de peu glorieux s’est trouvé, hélas, sous d’autres formes, dans d’autres pays ; et en France même, il n’y a pas eu que des hommes et des femmes, courageux, honnêtes, scupuleux et bons patriotes et désintéressés.
Toutefois, ce livre prouve que la littérature peut faire bouger les mentalités et comportements puisque, après sa publication, l’association des banquiers suisses s’est excusée publiquement auprès des Juifs pour toutes les difficultés faites.
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Anne CUNEO a été présentée dans des messages précédents ( photo et biographie)

11 novembre 2010

Accueil de l'artiste marocain: Mahomed Mallal

Mohamed MALLAL, professeur d'Arts plastiques à Ouarzzazate (Maroc), a été invité à venir au Breuil, en Bourgogne, au moment de la Foire du livre (15,16 et 17 octobre 2010). Il a séjourné au Breuil du 14 au 22 octobre. Outre plusieurs rencontres avec des lycéens et un public adultes, ses toiles ont été exposées à la bibliothèque Municipale.



Md Mallal avec Anne Cuneo, ecrivain suisse



Enseignant, poète, compositeur, chanteur et peintre, Mohamed Mallal est un artiste marocain aux multiples talents. Ces aquarelles enchantent par leurs qualités et minutie et ses toiles colorées nous plongent résolument dans le sud marocain qui lui tient tant à coeur. S'il revendique haut et fort sa "amazighité", une des richesse culturelles et historiques du Maghreb qu'il serait une erreur d'occulter, il n'en demeure pas moins attaché à un Maroc ouvert, tolérant et moderne.


Rencontre avec des éléves du lycée Léon BLUM (Le Creusot)


A travers ses diverses interventions (lectures, entretiens), le public bourguignon a pu apprécier son talent, sa sensiblité, sa tolérance tranquille, sa culture, son sens de l'autre, sa générosité et son désir de voir ses concitoyens vivre mieux.


Voici quelques coupures de presse et photos en 2ème partie
Rencontre francophone avec un artiste marocain

L'équipe d'animation du centre communal d'action sociale (CCAS) organisait mardi une rencontre avec Mohamed Mallal. Le poète, chanteur, musicien et artiste plasticien marocain, qui a été l'un des invités du salon du livre du Breuil, était accompagné par Claude Thomas, président du Centre Francophonie de Bourgogne.
Ils furent accueillis à la Maison des familles par un petit parterre d'auditeurs, très intéressés par le parcours de cet artiste polyvalent qui a passé toute son enfance dans un village du sud marocain, en contact avec la nature. Ce lieu et cette période ont inspiré ses poésies, sa musique et ses peintures qui traduisent la volonté de perpétuer les valeurs traditionnelles de la civilisation berbère et de défendre la langue de ce peuple.
A. R. (CLP)
Publié le 22/10/2010

Le BREUIL : Mohamed Mallal expose à la bibliothèque
Quelques peintures et aquarelles de l’artiste Mohamed Mallal sont exposées à la bibliothèque municipale jusqu’à samedi.

Présent à la foire du livre, Mohamed Mallal, professeur d’arts plastiques à Ouarzzazat au Maroc, prolonge son séjour au Breuil. En effet, il a répondu favorablement à la bibliothèque municipale et a accepté d’exposer quelques unes de ses toiles et aquarelles. « C’est un plaisir », a-t-il d’ailleurs dit lors de l’inauguration ce lundi en fin de journée, lui qui aime les expositions pour avant tout faire partager au plus grand nombre les origines et la culture berbères. Pour lui, les rendez-vous comme celui qui se tient jusqu’à samedi après-midi est l’occasion de véhiculer une certaine paix, une certaine fraternité, au travers d’une découverte des œuvres exposées. Et également grâce aux recueils de poèmes ou bien à un film d’une dizaine de minutes, regardé par les invités au vernissage, dans lequel Mohamed Mallal parle de son village et de sa culture. Comme il l'a fait sans doute ce mardi matin devant des lycéens de Léon Blum et le fera jeudi soir devant des adultes à Saint-Rémy. Avant de repartir au Maghreb. Selon Claude Thomas, à l’initiative de l’opération par le biais du Centre Francophonie de Bourgogne dont il est président, l’exposition permet en quelque sorte de « proposer un regard nouveau » aux habitués ou autres de la bibliothèque locale. Ils ont une semaine pour en profiter. Creusot-infos.com

Exposition Mohamed Mallal

Exposition. Le hall de la bibliothèque municipale centre François-Mitterrand abrite durant une semaine les toiles du peintre Mohamed Mallal. Cet artiste professeur d'arts plastiques à Ouarzazate au Maroc, est également poète, chanteur, compositeur, musicien. Ses huiles et aquarelles, aux couleurs chaleureuses représentant des paysages, personnages, natures mortes, scènes de vie… sont une véritable invite au voyage. À découvrir aux heures d'ouverture de la bibliothèque jusqu'au 23 octobre. Photo M.-C. C. (CLP)
Publié le 21/10/2010· o

10 novembre 2010

ACCUEILS D'ECRIVAINS FRANCOPHONES (suite)

Gary VICTOR (Haïti), écrivain.

Terminant une tournée culturelle en France pour présenter son dernier roman" Le sang et la mer" (Editions vents d'ailleurs-France), Gary Victor est venu à la Foire du livre du Breuil.


Le vendredi 15 octobre 2010, il a rencontré des élèves du lycée Léon Blum (Le Creusot 71) . Et le dimanche 17, il a participé au débat intitulé "Au coeur d'Haïti", débat animé par Gérard Renard, sécrétaire général de l'Association"Enfants d'Haïti".




Voici une présentation de cet écrivain haïtien très sympathique. Ici en compagnie de l'artiste marocain amazigh Mohamed Mallal



Né à Port-au-Prince, Gary Victor est plébiscité par les lecteurs en Haïti. Après des études d’agronomie, il exerce le métier de journaliste durant de nombreuses années et a occupé des postes importants dans la fonction publique haïtienne. Fils de René Victor, qui est peut-être le sociologue le plus important de son pays, l’écrivain en a hérité un regard lucide et sans complaisance sur sa société. Ses créations explorent sans complaisance aucune le mal-être ­haïtien pour tenter de trouver le moyen de sortir du cycle de la misère et de la violence.Son roman, À l’angle des rues parallèles, a obtenu le prix de fiction du livre insulaire à Ouessant 2003. Il a fait également l’objet d’une adaptation au théâtre.
Outre son travail d’écriture, Gary Victor est scénariste pour la radio, le cinéma et la télévision. Esprit rebelle, indépendant, ses réflexions sur la société haïtienne font quotidiennement des vagues sur les ondes d’une station de radio de Port-au-Prince, et son feuilleton télévisé sur les mœurs de la petite bourgeoisie haïtienne a été adapté au cinéma.
Il s’est vu décerner le prix RFO 2004 pour son titre "Je sais quand Dieu vient se promener dans mon jardin" et en 2008 le prix Caraïbes pour "Les cloches de La Brésilienne".
Son dernier roman « Le sang et la mer » pose la question suivante : Peut-on espérer un prince charmant à Haïti ?

ACCUEILS D'ECRIVAINS FRANCOPHONES (suite)

Les 15,16 et 17 octobre 2010, à l'occasion de la 12ème FOIRE du Livre du Breuil (71), ville de résidence du Centre Francophonie de Bourgogne, le Centre, en collaboration avec l' Office Municipal de la culture de la ville, a accueilli plusieurs écrivains de la Francophonie qui ont, pour la plupart, rencontré au cours du salon de nombreux lycéens, collégiens ou primaires.

Voici une présentation de ces personnalités:

Anne CUNEO, l'un des écrivains la plus représentative de la Suisse Romande qui a bien voulu répondre à nos questions.

1) Votre saga « Zaïda » est un grand et beau roman. Pourquoi ce titre?
Le titre est choisi en mémoire d'une tante de mon père, Zaida Cuneo. Elle était beaucoup plus âgée que son frère, mon grand-père, et aurait en fait pu être la grand-tante de mon père lui-même. Je l'ai connue lorsque j'étais petite fille, et, dans une enfance sans grande affection, sa chaleur, sa drôlerie, sa manière de savoir se mettre à mon niveau d'enfant sans jamais faire preuve de la condescendance dont les autres adultes m'accablaient (ce qui me faisait les mépriser – oui, j'étais précoce) ont beaucoup compté pour moi. Je m'étais toujours promise de donner son prénom à un personnage, et puis cela s'est imposé lorsque j'ai voulu écrire l'histoire d'une jeune fille du XIXe siècle. Ma grand-tante Zaïda est morte âgée de 105 ou 106 ans, et est restée lucide et drôle jusqu'au bout. Elle s'est tout simplement éteinte un jour (comme la Zaïda du roman). A part cela, le destin de l'héroïne et celui de la femme réelle ont été différents, et n'ont en commun que l'époque où toutes deux ont vécu.

2) Pourquoi avoir choisi une femme de caractère et de sentiments pour nous faire parcourir le XXème siècle?

Je n'ai pas vraiment choisi ce personnage, c'est elle qui m'a choisie. J'avais lu pour des raisons professionnelles un certain nombre de romans d'amour qui se passaient au XIXe siècle (pour en faire une analyse), et je me suis soudain demandé si je serais capable d'écrire un roman si proche de nous dans le temps. J'ai commencé, et le reste a suivi tout seul. Je me suis ensuite inspirée de journaux intimes, de biographies et d'autobiographies du temps, je me suis documentée comme je le fais pour tout roman historique. Les femmes qui ont parcouru le siècle 1860-1960 ont vécu deux ou trois guerres européennes, et leur caractère a été trempé par les grands malheurs qu'elles ont subis, Zaïda ne pouvait être qu'une femme de caractère. J'ai ainsi découvert, pendant mes recherches, beaucoup de ces héroïnes silencieuses, que l'Histoire ignore généralement.

3) Vous êtes un auteur aux multiples facettes (romans, scénarii, radio, TV, etc… ), vous écrivez des romans policiers, avez-vous choisi ce genre pour vous permettre de montrer les divers aspects de la Suisse à travers le regard de l’enquêteuse Marie Machiavelli?

Marie Machiavelli, au départ, était l'antidote de mon travail de journaliste. En tant que journaliste d'actualité de la Télévision de service public je me devais d'être aussi objective que possible, et je n'avais pas à donner mon opinion, il fallait que je fournisse aux gens de quoi se faire la leur. Marie a été le canal par lequel j'ai exprimé mes sentiments face à la politique et aux réalités sociales de ce pays, que je montre évidemment, et sur lesquelles je peux, ici, jeter un regard franchement subjectif.
Présentation D'Anne CUNEO
Anne Cunéo est née à Paris en 1936 de parents émigrés italiens. Après la guerre, elle revient avec sa famille à Milan. Au décès de son père, elle passe une partie de sa jeunesse dans des internats religieux en Italie ou en Suisse. Elle fugue en Angleterre, y apprend l’anglais et revient poursuivre ses études à Lausanne où elle obtient une licence en lettres.Touche à tout, elle exercera de multiples métiers : serveuse, monitrice, téléphoniste, secrétaire, traductrice, enseignante, journaliste, scénariste et réalisatrice de cinéma !Ensuite, elle se lance dans l’écriture qu’elle ne quittera plus avec le succès que l’on sait. Elle aborde tous les sujets, et bien des genres, comme le roman policier, participe à des expériences cinématographiques, radiophoniques, théâtrales, passe à la mise en scène et à la réalisation.Cette auteure débordante d’énergie reste cependant à l’écoute du temps, se sent proche des gens malmenés par la vie et ce n’est pas un mystère si la sincérité de son écriture attire de nombreux lecteurs. Un grand écrivain.

Moussa Konté, un des écrivains majeurs de l'Afrique contemporaine

Trois classes du lycée Léon Blum (Le Creusot) ont rencontré Moussa Konaté dans le cadre du café littéraire.

Pour cette année scolaire 2010/2011, le lycée Léon Blum a décidé de reconduire le projet du café littéraire. Mis en place pour la troisième fois, son objectif premier est de donner envie de lire aux lycéens, de faire en sorte qu’ils prennent plaisir à ouvrir des livres pour s’enrichir par leurs lectures.
Pour les élèves concernés par le projet, les 2Bac Pro Elec, les 1CAP Coiffure et les 2Bac Pro Esthétique, plus de 130 livres ont ainsi été sélectionnés. Le principe étant que chaque lycéen, aidé par ses enseignants et les deux documentalistes, Séverine Dardalhon et Nathalie Monin, choisisse un ouvrage par trimestre et de faire un petit bilan à la fin de chaque lecture en répondant à un questionnaire.Mais l’intérêt du café littéraire, comme le nom l’indique d’ailleurs, c’est aussi de mettre en place des rencontres, d’organiser des échanges autour de la lecture. Vendredi après-midi, en partenariat avec le Centre Francophonie de Bourgogne, la venue de Moussa Konaté fut le premier grand moment du projet. Au CDI du site Lavoisier, les élèves, accompagnés de leurs professeurs, Nathalie Cicchetti pour les 2BP Elec, Catherine Bollery pour les CAP Coiffure et Florence Perceval pour les 2BP Esthétique, ont parlé avec l’écrivain malien. Deux heures environ durant lesquelles l'auteur s'est livré aux questions des lycéens.D’où vous vient votre aspiration ? Combien de temps avez-vous vécu au Mali ? Quel regard portez-vous sur l’Afrique d’aujourd’hui ?… Voilà quelques questions que les jeunes ont posé à l’écrivain. Interrogations qui ont donné lieu à des discussions intéressantes, car allant au-delà des simples clichés, sur l’Afrique Noire. Cela avant de finir autour du verre de l’amitié. L’Afrique Subsaharienne, Moussa Konaté en parlera aussi ce samedi après-midi à la foire du livre au Breuil. Il animera, à partir de 16h30, un débat sur le sujet « L’Afrique Noire est-elle maudite ? », intitulé d’un de ses ouvrages.

Quand Moussa Konaté parle de l’Afrique Noire Conférence-débat à la Foire du livre du Breuil (71) Le Dimanche 17 octobre 2010
« L’Afrique Noire est-elle maudite », ce fut le débat auquel s’est prêté l’écrivain malien Moussa Konaté à l'occasion de la première journée de la foire du livre.

Dans une foire du livre, il y a l’aspect foire en lui-même avec des stands installés un peu partout, mais il y a aussi l’aspect rencontres.Ainsi, samedi après-midi, après conférence sur le bassin creusotin donnée par Louis Lagrost, archéologue et historien bien connu localement, c’est l’auteur et éditeur malien Moussa Konaté qui a pris part à un débat sur l’Afrique Noire.
Considéré comme une référence en tant qu’écrivain africain, il a répondu aux questions de Mary Montagne, enseignante en économie et gestion au lycée Le Castel à Dijon, et a livré une réflexion de fond, peut-être un peu succincte au vu de l’importance du sujet sur lequel on pourrait parler pendant plusieurs heures mais en tout cas très juste, sur la situation de l’Afrique subsaharienne, Pour lui, il apparait évident que les difficultés du passé ont laissé des traces, la colonisation ayant par exemple fait perdurer « une solidarité entre riches » qui s’observe encore aujourd’hui, mais il croit aussi que cette vaste région du continent africain a les moyens de poursuivre son développement. Et, d’après lui, cela passe par les africains eux-mêmes qui doivent se détacher d’un modèle de société encore trop dominant actuellement, où le poids, l'autorité de la communauté écrase l’individu et donc empêche toute émancipation.Voilà pour résumer le constat auquel arrive l’auteur malien dans son ouvrage « L’Afrique Noire est-elle maudite ? ». A cette question, il répond donc non.

Présentation de Moussa KONATE
Mali Bourses du Centre national du Livre - 1990 et 1999

De tous les écrivains (contemporains) maliens, Moussa Konaté semble être le seul à vouloir vivre de sa plume. En effet, pour mieux se consacrer à l’écriture, Moussa Konaté, alors professeur de français au lycée, n’hésite pas à abandonner la fonction publique malienne sans réclamer aucun droit, après plusieurs années de travail.Cette décision fut, à l’époque, considérée comme de la pure folie, car personne ne croyait qu’il soit possible de vivre comme écrivain au Mali.

Moussa Konaté a d’abord été servi par une extraordinaire volonté de réussir, ce qui lui permit de surmonter bien des difficultés. C’est ensuite son amour pour la littérature qui fit le reste.Déjà en 1970, alors qu’il passait le baccalauréat, ses premiers textes étaient en chantier. Lorsqu’il publie son premier roman Le Prix de l’âme en 1981, sa maîtrise de la langue de Voltaire ne fait aucun doute. Loin de se douter du sort qui sera réservé à ce texte, il continue d’écrire. Si bien qu’au bout d’une décennie, il ne comptait pas moins d’une dizaine de titres. Aussi quand Massa Makan Diabaté meurt en 1988, Moussa Konaté est-il propulsé au-devant de l’actualité littéraire malienne comme le meilleur représentant de la littérature de son pays.
En 1997, Moussa Konaté crée les éditions Le Figuier, devenant ainsi le premier écrivain éditeur du Mali. Sans renoncer à son amour pour la littérature francophone, il travaille à la diffusion du savoir au sein du monde rural à travers des publications en langues nationales du Mali. Il réside aujourd’hui en Limousin où il a créé début 2006 la Maison d'édition "Hivernage". Il est également co-directeur du festival Etonnants voyageurs de Bamako au Mali.
Moussa Konaté a reçu le Prix Sony Labou Tansi des lycéens 2005 pour sa pièce Un appel de Nuit (Editions Lansman).
Son dernier livre : L’Afrique est-elle maudite ? est un modèle de sagesse et de reflexion.

9 novembre 2010

Accueils d'écrivains francophones

Les 15,16 et 17 octobre 2010, à l'occasion de la 12ème FOIRE du Livre du Breuil (71), ville de résidence du Centre Francophonie de Bourgogne, le Centre, en collaboration avec l' Office Municipal de la culture de la ville, a accueilli plusieurs écrivains de la Francophonie qui ont, pour la plupart, rencontré au cours du salon de nombreux lycéens, collégiens ou primaires.

Voici une présentation de ces personnalités:

Questions à
Somanos SAR (Cambodge), écrivain .

1) Vous avez vécu, enfant, le génocide khmère. Pourquoi avoir publié « Apocalypse Kmère », un livre d’une grande vérité ?
Pour ne pas oublier ?
Pour vous délivrer d’une réalité trop lourde ?

J’ai souvent remarqué que la mémoire traumatique a une tendance naturelle à se transformer en mémoire traumatisante, laquelle se transmet de génération en génération. A la fin, on souffre sans vraiment savoir ni comprendre pourquoi on est dans ce cycle interminable de tourments, sinon parce que ses parents, ses grands-parents ou encore ses arrière-grands-parents ont souffert. En fait, dans de tels cas, la mémoire devient un lourd fardeau, une malédiction, au lieu d’être une richesse.

Lorsque mes enfants sont nées, ce constat m’a fait rapidement prendre conscience que transmettre la mémoire, telle quelle, comportait des risques certains. Car évidemment la mémoire du survivant que je suis contenait du poison, celui de la souffrance et de la haine. Et pourtant, l’importance de la mémoire n’est plus à démontrer. Il est indispensable de la transmettre, sous peine de transmettre un vide incompréhensible, dangereux, encore plus difficile à porter pour les générations à venir.

Le principal objectif d’Apocalypse khmère a donc été de communiquer une mémoire lavée du poison associé. Cela consiste à dire que la mémoire est avant tout une richesse, et non pas un devoir, à dire que les souffrances endurées sont miennes, et qu’elles s’arrêtent là, sur ces pages ; que mes enfants qui les liront n’ont pas à en porter le fardeau par procuration ; que ce passé appartient an tant qu’héritage immatériel de leur lignée.

L’ouvrage a donc été avant tout un support, un début, essentiel de réflexions sur le sens que je peux donner à ma vie, mais aussi à l’Histoire des hommes, dans son ensemble.

Pour aller plus loin, consulter mon texte, le capital humain, écrit pour un colloque à Phnom Penh, en 2008 : http://somanos.fr/spip.php?article12omanos.fr/spip.php?article12.


2) Dans un second roman, « L’ombre d’un doute », émouvant aussi, votre sœur une des victimes parmi les 3 millions, y figure en filigrane. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?

Tout d’abord, je suis heureux que certains lecteurs aient su la trouver en filigrane, en effet. D’autres sont passés complètement à travers, à mon grand regret, hélas !

L’ombre d’un doute commence par la dédicace, se poursuit avec l’avant-propos, pour se terminer dans ne cœur de celui qui portera jusqu’à la fin de sa vie le devoir de vivre. Vivre parce que justement cette sœur exceptionnelle l’a voulu, parce qu’elle s’est sacrifiée pour que son frère ait une chance de survivre. Il s’agit là d’un don de soi à l’extrême, que peu sont capables d’envisager.

J’aurai pu choisir un style plus direct pour parler d’elle, de ce qu’elle a fait. Mais de témoignage narratif, j’en ai déjà fait, à travers Apocalypse khmère. De plus, ce style n’était pas suffisant pour exprimer toute la force que je voulais donner à la mémoire de ma sœur, à travers le personnage de Stéphanie. Je voulais la faire revivre, autrement, dans un autre contexte, une autre vie, un autre pays, une autre culture, mais confrontée aux mêmes caprices du destin.

De manière plus profonde, cet ouvrage se situe dans un cheminement logique du premier, quoique peu évident, dans la mesure où il pose la question sur l’importance que chacun donne à sa vie. Qu’est-ce qui est le plus sacré ? La vie en soi, le fait de rester en vie, ou le sens que l’on veut y donner ?

Pour aller plus loin : « un autre sens du pardon », un article écrit pour un journal en ligne au Cambodge, aujourd’hui disparu, Ka-Set.info. http://somanos.fr/IMG/pdf/ka-set_-_Un_autre_sens_du_pardon.pdf

3 « Thmeng Chey », est l’histoire d’un bon petit diable cambodgien, le génocide a-t-il aussi menacé le patrimoine culturel, pour réécrire cette histoire ?

Avant toute chose, je voudrais revenir sur le terme « génocide » ; les principaux responsables Khmers rouges sont actuellement jugés ou vont être jugés pour trois chefs d’accusation :
- Crimes de guerre
- Crimes contre l’Humanité
- Génocide

Tout ceci pour souligner que le génocide n’est qu’une composante des crimes commis. Certains, qui, des années durant, ont soutenu haut et fort les Khmers rouges, auraient bien aimés se cacher derrière la seule qualification de génocide. Ce serait tellement pratique ! Mais la vérité est que le plus grand crime perpétré l’a été au nom de l’idéologie. Les Khmers rouges ont procédé à l’élimination systématique des groupes entiers de population, non par parce qu’ils étaient de telle ou telle ethnie, 95% des Cambodgiens étaient des Khmers, mais parce qu’ils appartenaient surtout à des classes sociales considérées comme nuisibles : professeurs, fonctionnaires, étudiants, militaires, marchands, etc.

En fait, les Khmers rouges ne toléraient que trois classes : paysans, ouvriers et soldats, tous devant travailler jours et nuit sans répit ni relâche. En fin de compte, ce n’était plus une société humaine, mais celle des fourmis. Alors, on comprend aisément que la culture n’avait pas sa place, comme toutes les autres composantes de la vie d’ailleurs. Travailler et obéir au Parti (Angkar) ou mourir.

Le résultat est qu’au bout de quatre ans de ce régime communiste à l’extrême, le Cambodge s’est retrouvé avec un incroyable bond en arrière. Tout l’héritage culturel khmer était au bord de l’extinction totale. La littérature a énormément perdu, puisque la plupart des livres ont été détruits ou brûlés.

Même certaines traditions orales, comme Thmeng Chey, se meurent. Les destructions laissées par Khmers rouges ont imposé chez les survivants d’abord la nécessité de survie immédiate, ensuite des pertes de repères, dues à la rupture de la chaine de transmission du capital humain.

Au-delà d’une volonté de préserver l’oral grâce à l’écrit, il y a aussi le désir de partager l’histoire de cet enfant espiègle avec un public plus large que les Cambodgien eux-mêmes. Le monde ne vaut que s’il est partagé. Et Thmeng Chey est une forme de ce partage.

Portrait d’écrivain Somanos SAR

Somanos Sar est né à Phnom Penh en 1965. Il a dix ans lorsque les Khmers
rouges marchent triomphalement sur Phnom Penh. Sa famille, par le simple fait
d’être citadine, sera considérée par le nouveau régime comme idéologiquement
irrécupérable, à l’instar des millions de Cambodgiens qui ont fait partie du monde
libre avant la chute de la République khmère, le 17 avril 1975. En moins de quatre
ans, guidé par le dogme extrême du communisme et totalement coupé du monde,
le Kampuchéa démocratique va décimer un quart de la population cambodgienne,
à coup de purges, d’exécutions sommaires, de collectivisation forcenée, de
travaux forcés.
L’utopie communiste arrachera la vie à son père, trois soeurs et un frère, soit plus
de la moitié de sa famille. En 1982, Somanos Sar finit par retrouver la trace de sa
mère, coincée en Europe pendant les tourments. Celle-ci, naturalisée française,
parvient à le faire venir à Paris, à l’âge de 17 ans. A son arrivée, il ne parlait pas
un mot de français, mais déjà, le besoin de « déposer » l’histoire de cette tragédie
est latent.
Après avoir obtenu un DESS de microélectronique à l’Université de Paris-Sud-
Orsay en 1992, Somanos SAR aujourd’hui est ingénieur, entrepreneur et
également écrivain. Au-delà de son profil transversal, à l’image de ses passions
qui sont l’aviation, l’écriture et la course à pied, la notion du capital humain est le
socle commun de ses réflexions et actions. Ainsi, sur son blog, http://somanos.fr,
Somanos SAR a écrit que la mémoire ne s’échappe pas, mais se désole de
constater un certain fatalisme la croyance que « l’histoire est un éternel
recommencement ». Cela signifie que les erreurs commises n’ont pas su servir de
leçon. Il faut donc, selon lui, s’attacher à y puiser force et richesse pour ne pas
transmettre la haine et la souffrance.
Cette démarche peut s’accompagner d’un sens particulier du pardon qui est un pas vers la réconciliation, sur des bases comprises et acceptées tous. Car
fondamentalement, les humains aspirent à faire le bien. Malheureusement cette
conviction, que chacun veut ardemment défendre, sert trop souvent à la
justification de tout, y compris à tuer. C’est donc pour mettre en lumière cette
contradiction que Somanos SAR croit profondément en la vie. Pour lui, le
bonheur est un devoir, la mémoire est une richesse. Choisir le chemin du bonheur,
c’est prendre la victoire pour soi, la prendre aux Khmers rouges, définitivement.
Et c’est ce point de vue que l’on retrouve dans son deuxième livre, l’ombre d’un
doute, récompensé par le prix littéraire Phnom Penh Accueil 2008, une fiction qui
tente de sonder le coeur de ceux qui ont à survivre aux êtres irremplaçables.
Son roman est la victoire de la vie sur la mort, quel qu’en soit le prix. Mais la vie
avec un grand V, car le devoir de vivre ne se fait qu’en son âme et conscience.
C’est un roman gai, où le mot « douleur » surgit à chaque tournant. C’est un
roman tendre, mais sans concession.
Comme au Cambodge des khmers rouges, les héros de cette histoire surgissent
puis disparaissent. Mais aussi longtemps qu’il reste une personne pour souffrir de
leur absence, le petit monde de ses personnages évolue entre morts et vivants, tant les morts de cette histoire conditionnent les actes des vivants.
Mais écrire, c’est avant tout partager, offrir au lecteur l’espace intérieur de
l’auteur, son vécu, ses expériences.
Corine JAMAR


Corine JAMAR (Bruxelles), auteure et scénariste BD, a bien voulu répondre à nos questions avant de rencontrer de nompbreux jeunes dont quelques jeunes handicapés .


1) Vous avez écrit des albums pour la jeunesse (6 à ce jour), la plupart épuisés dont le célèbre « Mémoire d’éléphants » (ed. Pépin). Pouvez-vous nous dire comment vous travaillez vos livres ?

Corine Jamar : Cela dépend. Le tout premier, il s'agissait (La princesse cachée) d'une commande. L'éditeur (Casterman) disposait des illustrations et il m'a demandé d'inventer une histoire par rapport à elles. Il l'avait demandé à un auteur confirmé avant moi qui, d'après lui, ne s'en était pas sorti. Comme j'avais travaillé une dizaine d'année comme créative dans la publicité et que j'étais donc habituée à certaines contraintes, cela ne m'a pas posé de problèmes et j'ai beaucoup aimé ce travail. Les autres ont été imaginés à partir d'une envie, d'une inspiration soudaine ou d'un souvenir. "La petite auto d'André" par exemple est inspirée d'une histoire vraie que mon père m'avait racontée. Sauf que j'ai transformé le souvenir, le récit édictant ses propres lois, et que mon père n'a que très moyennement apprécié ! "Mémoire d'éléphant" et "Aristide Lafrousse" partent d'une idée d'illustrateur à laquelle j'ai adhéré et que j'ai écrite pour eux, m'immisçant dans leur univers. J'aime quand une idée vient frapper à la porte de mon imaginaire mais j'aime aussi travailler sur la base d'une idée qui n'est pas la mienne. Il y a un côté "terra incognita" qui me plaît bien…

2) Votre dernier livre de Nouvelles « Emplacement réservé » aborde le thème du handicap. Pourquoi ce choix ?

Corine Jamar : "Emplacement réservé" n'est pas un livre de nouvelles. Il s'agit d'une énorme erreur de la part de l'éditeur (même si j'adore les nouvelles). Ce livre est une suite d'histoires courtes qui se suivent et qui met en scène une maman et sa fille handicapée. Le 12ème chapitre ne peut pas se lire indépendamment des autres: ce ne sont donc pas des nouvelles mais plutôt un roman par nouvelles. Le choix de ce thème a été évident pour moi. Ma fille aînée est handicapée. C'est donc une partie de ma vie avec elle que je raconte. J'ai choisi de le faire au travers cet emplacement réservé à la voiture pour ne pas l'aborder frontalement (et aussi parce que, comme raconté dans le livre, des voitures se garaient sur cet emplacement en s'en fichant complètement, ce qui m'a donné envie de transformer cette triste réalité en quelque chose de positif, un livre, tout en dénonçant l'indifférence l'égoïsme des gens). Ce n'est pas une autobiographie puisque beaucoup de situations sont inventées et que j'ai changé les métiers et les noms des personnages. L'humour très présent dans le livre a été pour moi une façon de désamorcer les choses, une manière de prendre le contrôle d'une situation dramatique (forcément) que le destin nous a imposé, à ma fille, à ses parents et, bien sûr, à la petite sœur qui est arrivée après ! Dans mon second livre "La reine de la fête", une enfant handicapée est présente même si le handicap n'est absolument pas le sujet. Elle entre en interaction avec le personnage principal et justifie certains de ses actes. Elle est la fille d'un personnage secondaire. Dans le 3ème que je suis en train de terminer, elle est aussi présente. Elle s'impose d'elle-même, au fur et à mesure de l'écriture, il n'y a aucune préméditation.

Animations Francophones



En juin 2010, le Centre Francophonie de Bourgogne a accueilli deux artistes francophones: Bibata ROAMBA( Burkina Faso) et Mohamed BAOUZZI (Maroc). Plus de 800 élèves et une centaine d'adultes ont pu ainsi découvrir les contes d'Afrique Noire et du Maghreb.



LE CREUSOT : Bibata Roamba en visite dans les écoles
Le Mercredi 23 juin 2010 @ 13:25:08

La conteuse originaire du Burkina Faso est venue à la rencontre des jeunes élèves de plusieurs établissements scolaires.

Tous les ans, le Centre Francophonie de Bourgogne est à l’initiative d’une action assez intéressante. En effet, s’inscrivant dans le cadre de l’une des facettes de la politique de la ville du Creusot consistant à faire découvrir les cultures étrangères et leurs richesses afin de favoriser le mieux « vivre ensemble », l’association culturelle francophone, avec le soutien bien sûr du Creusot mais aussi de Torcy et de la Communauté Creusot Montceau, fait venir des spécialistes de la littérature jeunesse, autrement dit des conteuses et conteurs allant dans les établissements scolaires pour faire partager leurs histoires aux plus jeunes.


Cette année encore, les écoliers ont pu profiter de rencontres enrichissantes. Ce début de semaine a par exemple vu Bibata Roamba se déplacer de la Paris pour captiver près de 400 gamins. A Victor Hugo, Raymond Rochette et Champ Cordet lundi, elle a conclu sa tournée ce mardi en s’arrêtant à La Pépinière puis à La Charmille, en racontant encore et toujours de petits récits imaginaires sur le Burkina Faso, son pays d’origine, en révélant les particularités de celui-ci.
Une tournée qu’avait effectuée Mohamed Baouzzi il y a deux semaines, ayant quant à lui mis l’accent sur les subtilités du Maroc, également devant pas loin de 400 élèves au total.Si cette initiative annuelle plait aux écoliers, notons pour finir qu’elle séduit aussi les équipes pédagogiques.


Directeur de La Chamille, Yves Desbrosses, a d’ailleurs tenu à remercier le Centre Francophonie de Bourgogne et son président Claude Thomas pour l’action entreprise et sans nul doute bénéfique à la jeunesse.

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