31 décembre 2011

Le patient du Docteur Hirschfeld

Titre: Le patient du Dr Hirschfeld
Auteur :Nicolas Verdan
Editeur : Bernard Campiche (Suisse Romande)
Genre : roman à connotation historique

Voici un roman très intéressant. Il mélange l'histoire (surtout de l'Allemagne nazie), le sujet de l'homosexualité et la chasse aux anciens nazis. Mi-récit historique, mi-roman d'espionnage, ce livre aborde le douloureux problème des différences. Comment vivre en Allemagne nazie en étant et juif et homosexuel?
Nicolas Verdan promène le lecteur successivement de 1932-1933 à 1958, de Berlin à Zurich, en passant par Brno, Tel Aviv, Thessalonique et l'Argentine.
Le Dr Hirschfeld a existé. Il avait ouvert, en précurseur, à Berlin, un institut de soins pour les sujets aux pulsions déviées et qui en souffraient. Il a ainsi contribué à soigner de nombreux patients dont de futurs responsables nazis en les aidant à accepter leur différence. Mais ce docteur, en bon chercheur, avait l'habitude d'archiver les comptes rendus des entretiens avec l'identité des patients et leurs maux. D'où la recherche effrénée, dès 1939, de responsables nazis pour effacer des dossiers compromettants et, après la guerre, d'agents du Mossad, pour identifier et retrouver d'anciens Allemands responsables des déportations de Juifs.
Si l'auteur insiste, un peu trop, plusieurs fois, sur certains fétichismes, il a le mérite de montrer que, derrière l'habit de la respectabilité, se cachent bien souvent des êtres qui souffrent.
Style agréable et roman bien construit.
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Nicolas Verdan est né à Vervey en 1971. . Son chemin l’a conduit à plusieurs reprises au Proche-Orient et sa vie se partage entre la Suisse et la Grèce, sa seconde patrie où il vit alternativement avec la Suisse.
Prix Bibliomedia Suisse 2006 pour son premier roman, Le Rendez-vous de Thessalonique.

Le site de Nicolas Verdan: http://www.nicolasverdan.ch/

16 novembre 2011

Les 2èmes Rencontres de la Diversité

Le Centre Francophonie de Bourgogne organise, 3 jours de débats, de dialogue, de découvertes culturelles pour un mieux vivre ensemble. En voici le programme


RENCONTRES. DIVERSITE. PARTAGE
Espace Guynemer , 5 rue Guynemer (Le Creusot)
2, 3 et 4 décembre 2011


«Il y a toujours un rêve qui veille...une main tendue...un sourire à partager...(Paul Eluard).
Avant ces 3 journées, un travail pédagogique sera mené avec des classes du lycée Léon Blum du Creusot et des classes primaires, étude d'ouvrages ayant trait à l'immigration, etc…


Jeudi 1er décembre 2011, au Morvan (Le Creusot), à 20h30, film:«Nos ancêtres les Gauloises» de Christian Zerbib (2011) suivi d'un débat.


Vendredi 2 décembre 2011
10h00-10h45, puis 10h45-11h30 Contes africains par Bibata Roamba (Burkina Faso), écoles Victor Hugo et la Pépinière ( Le Creusot).
13h00-14h00: Ahmed Kalouaz rencontre une classe de 2d du lycée Léon Blum à Guynemer
14h: inauguration officielle
13h-14h: Clips sur le racisme ordinaire, réalisation les Indivisibles (Paris), prise de paroles de l'association parisienne
Puis 1er débat: « Les idées reçues, là et ailleurs» débat animé par Claude Thomas
Avec
Rokhaya Diallo, journaliste à Canal+ et présidente des Indivisibles (Paris).
Elvire Maurouard (Haïti), universitaire, écrivain, poète. «Image de la Femme noire à Haïti»
Ahmed Kalouaz, écrivain jeunesse et adultes, franco algérien.
Hélène Moreau, illustratrice entre autres du documentaire jeunesse: «La Réunion des religions» .
Et témoignages de «France Amérique Latine»
19h: dîner africain plus concert 12€, ( inscription avant le 30/11/12) : tél 0385560858
20h30: soirée africaine: Compagnie VEENEM (La lumière): spectacle (chants, danses) Bibata Roamba avec un orchestre Burkinabé. (entrée 5€ après 16 ans et tarifs groupe 4€/per).




Samedi 3 décembre 2011
9h30-11h30 :danses orientales avec Shérazade, association Riheb.
15h-17h Rencontre-débat: L'immigration en France: Comment vivre sa dignité d'homme et de femme?Débat animé par Jean Boulet
Témoignage de Moussa Touré (Guinée), jeune réfugié (Montceau 71) et de Myriam Morin, éducatrice, syndicaliste et d'origine émigrée.
Avec
Shumona Sinha «Assommons les pauvres» (sous réserve).
Keroum Achir, écrivain, ancien haut fonctionnaire algérien (Torcy)
Djalila Dechache, poète, (Seine st Denis).


A partir de 18h, soirée de partage et de détente: dégustations de mets croisés, pâtisseries et boissons de plusieurs régions, musiques, chants, danses.
Avec des intervenants du CADA 71 et de l'Association Accueil Familial des étudiants Internationaux) : pianiste turc, musique traditionnelle turque (communauté turque du Creusot), guitariste indonésien, chanteur thaïlandais et chinois, guitariste et joueur du Thar d'Azerbadjan.


Dimanche 4 décembre 2011
9h-11h atelier calligraphie et danse japonaises (Marisa Hays(USA).
12h Repas partagé: chaque personne apporte un plat de son choix
14h Table ronde:«La diversité dans la société française:une richesse». Débat animé par Daniel Dériot, travailleur social à Emmaüs (Paris).
Plusieurs invités d'origine étrangère, résidant dans la région, français ou non, répondront aux questions suivantes:
Moi, émigré, qu'ai-je apporté à la société française?
Que m'a-t-elle apporté?
Que ne m'a-t-elle pas reconnu?
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Pendant les 3 jours , deux expositions
« Migrants et citoyens » du CICFM
«Portraits sans frontières » réalisation maison de Quartier du Plateau St Jean (Chalon)
Une table librairie avec des ouvrages liés aux thèmes du colloque et où signeront les auteurs invités.
Un bar, des tables de pâtisseries internationales
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Associations partenaires: Association Riheb, associations Rencontres, Association Accueil Familial des étudiants Internationaux, France Amérique Latine, Les Amis du Cada, Le Pont, Cada Adoma, association cambodgienne, association Défense de la culture turque et francoturque
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Accueil de Mustapha BENFODIL


Accueil de l'écrivain algérien Mustapha Benfodil


Mustapha Benfodil, invité par L'Arc, scène nationale du Creusot (Saône et Loire France), est venu lire avec le metteur en scène Kheireddine Lardjan, des extraits « Des Borgnes », pièce nouvelle, qui sera mise en scène, pour la 1ère fois, en janvier 2012, à L'Arc.
Le Centre Francophonie de Bourgogne a profité de cette venue pour l'inviter le 3 novembre 2011.
L'écrivain a d'abord rencontré 2 classes professionnelles -coiffure et esthétique- qui avaient, au préalable, étudié des extraits de textes de l'auteur avec leurs professeurs de français. Puis, le soir, une rencontre-débat, tout public, a eu lieu à St Rémy, en banlieue de Chalon, rencontre organisée par la club Afrique.
Ces rencontres ont été riches, franches, pleines, et , grâce à la littérature, bien des valeurs ont pu être tout à tour examinées : la justice, l'égalité, la nécessaire compétence des politiques, la liberté d'expression, l'obligation de la démocratie, l'attention à la jeunesse, la protection de l'environnement, la judicieuse utilisation des ressources naturelles et l'Algérie en regorge.


Le public a pu faire connaissance avec un journaliste de terrain (il a couvert le conflit irakien par 2 fois pour son journal El Watan), à l'écoute du peuple et de ses préoccupations.


Comme écrivain, Mustapha Benfodil, est un auteur atypique. Si on examine les 2 ouvrages, Clandestinopolis ou l'Archéologie du chaos (amoureux), on découvre des livres bibliothèques où l'intertextualité est permanente ; les allusions ou jeux de mots sont légion . La construction de L'Archéologie du Chaos est originale, déroutante, plutôt sombre, peut être comme l'avenir de l'Algérie à l'instant présent.
Mustapha Benfodil confie volontiers qu'il attache plus d'importance à la langue qu'à l'histoire. Pas étonnant qu'il soit attiré par l'Oulipo et ses recherches.
Ses auteurs préférés se nomment Borgès, Kafka ou Cerventès. Une référence...


Brève présentation. Mustapha Benfodil est né en 1968 à Relizane, dans l’ouest de l’Algérie.
Il a entamé des études de mathématiques avant de se consacrer au journalisme.
Il s'intéresse très tôt à la littérature. Il débute par la poésie (en 1993, il est primé pour son poème A la santé de la République, écrit en hommage à Tahar Djaout) et passe très vite à l'écriture de romans et nouvelles.
En 2004, la nouvelle Paris - Alger, classe enfer fait l’objet d’une mise en lecture à la Maison de la Culture de Bobigny.
En mars 2005, il participe avec cinq autres auteurs à une résidence dramatique à Anvers, en Belgique, organisée par l’association d’auteurs Écritures Vagabondes. Il en est revenu avec une pièce : Clandestinopolis, qui a fait l'objet de plusieurs mises en lecture, notamment au Théâtre du Rond-point à Paris.
Comme reporter, Mustapha Benfodil s’est rendu deux fois en Irak en pleine guerre, expérience qu’il relate dans un récit poignant : Les Six Derniers Jours de Baghdad – Journal d’un voyage de guerre. Mustapha Benfodil vit et travaille à Alger.


Quelques citations de l'auteur
Je veux être un journaliste connecté avec le monde.
Je me définis comme un journaliste militant.
La langue passe avant l'histoire. L'art nourrit l'art . Citation: "J'aime la vie et la littérature et je déteste la vie littéraire".

14 juillet 2011

Les ,Francophones invités au Breuil (Saône et loire-France)

Artistes et écrivains francophones ayant fait le déplacement au Breuil (71)
Invités par la ville du Breuil ou le Centre Francophonie de Bourgogne


Québec et Acadie :
Pierre Morency
Claude Beausoleil
Cécile Cloutier
Chrystine Brouillet
Micheline Lafrance
Jean Royer
Sylvain Rivière
Alain Gobert
Esther Croft
Chritine Eddie
Serge- Patrick Thibodeau
Marie-Christine Bernard
Jean Barbe
Antonine Maillet
Le théâtre de la Sagouine
Le groupe Châkidor
Jean Lemieux
Francine Allard
Carolyne Jomphe (chanteuse)
Christian Bilodeau
Fabienne Roitel
Bernard Pozier
Danielle Fournier

Belgique
J.Cl. Bologne
Werner Lambersy
Eric Brogniet
Carl Norac
Guy Goffette
Marie Wabbs
Corine Jamar
Maison du conte (Namur)
Daph Nobody

Tunisie : Amina Saïd
Tahar Bekri
Mohamed Larbi Haouat
Sonia Chamkhi

Algérie : Tahar Djaout
Franco-algérienne: Leïla Sebbar
Franco-algérienne :Tassadit Imache
Keroum Achir
Nabil Farès
Christiane Achour
Khireddine Mourad
Franco-algérien: Ahmed Kalouaz
Mustapha Benfodil
Nora Aceval

Maroc: Nadia Chafik
Bahâa Trabelsi
Abdelhak Serhane
Mohamed Nédali
Jamila Hassoune
Mohamed Baouzzi
Franco-marocain: Mohamed Razane
Mohamed Mallal
Halima Hamdane

Egypte
Khaled Osman
Ola Mehana

Congo : Guy Manga
Maxime N’Débéka
Henri Lopès
J.B.Tati Loutard
Pius Ngandu
Binéka Lissouba
Caya Makhélé

Mali : Doumbi Fakoli
Moussa Konaté
Ousmane Diarra

Roumanie : Vasile Pop
Horia Badescu
Paul Miclau
Devis Grébu (artiste)

Gabon : Angèle Rawiri
Rémi Boussangui

Haïti : Jean Metellus
Gary Victor
J.Ph. Dalembert
Elvire Maurouard

Suisse : Benoîte Crevoisier
Anne Cunéo
Dominique Grisoni (artiste peintre)

Madagascar : Michèle Rakotoson
Tiana Razafi

Cameroun : Brigitte Tsobgny

Liban: Vénus Khoury Ghata
Stélio Farandjis
Alexandre Najjar

VietNam: Anna Moï
Franco-vietnamienne: Kim Lefebvre


Côte d’Ivoire : Fatou Keita
Véronique Tadjo

Sénégal: Aminata Sow Fall
USA : Susie Morgenstern
Bénin : Bernabé Laye

Cambodge : Somanos Sar
Nantarayo Samputho

Ile Maurice: Thorabully Khal
Franco-tchadien : Thomté Ryam

Martinique : Isabelle Cadoré


Burkina Faso : Le groupe Saaba
Bibata Roamba
Le groupe Veenem

Centre Afrique: Marcel Diki Kidiri

Ile de la Réunion : J.F. Sam Long
Alain Lorraine
Kévine Frédérique Baraka

Nouvelle Calédonie
Denis Pourawa
Anne Bihan

Rivière Mékiskan


Titre : Rivière Mékiskan
Auteure : Lucie Lacapelle
Genre : roman
Editeur : XYZ (Québéc)

Voici un des 3 titres finalistes du prix France-Québec 2011, fort intéressant et à plusieurs entrées.
La 1ère piste, - sans jeu de mots-, nous plonge au sein de l’univers contemporain de la communauté « Cri » du Canada.
La 2ème est aussi vieille que l’humanité et propre à tout homme : Qui suis-je ? D’où je viens ? Et quelles sont mes racines ? Questions et réponses essentielles pour se construire.
Le récit : Une jeune femme, Alice, enceinte mais peu heureuse de l’être, se voit obligée par les convenances de ramener les cendres de son défunt père sur les terres de sa communauté.
Sa mère est une blanche, mariée jadis à cet homme, un Indien Cri, dont elle a dû se séparer pour cause d’alcoolisme. Ce père décède dans un parc public, seul sur un banc et le numéro de téléphone de sa fille se trouve dans une poche du pantalon avec ses papiers. La jeune fille hérite donc de la cassette de cendres et du sac élimé de son père.
Malgré les dénégations de sa mère qui considère cette communauté comme des « tarés », Alice entreprend ce voyage.
Après un long trajet en train, la voilà au village. Elle va à la rencontre d’une vieille femme Cri, Lucy, qui s’avère être une cousine de sa grand’mère. Et Lucy sera le personnage central de l’histoire, la mémoire de la famille et des coutumes Cri. Elle énumère aussi les décès dus à l’alcool, par pendaison ou noyade, comme si une malédiction s’était abattue sur la famille.
Mais surtout, Lucy lui dévoile les causes possibles de la déchéance de ce père mort, seul. Enfant, il a été placé de force par les autorités blanches dans un pensionnat blanc, il a été le témoin silencieux du viol de sa mère, il a pris conscience de l’extrême pauvreté de ses ancêtres et n’ a pas supporté que les siens soint sans cesse rejetés et abandonnés.
Cette femme, âgée mais courageuse, porte à bout de bras ses petits enfants que leur mère, alcoolique, délaisse. Fidèle à la tradition, elle veut enterrer Isaac, le père d’Alice comme il se doit et ce sera l’occasion pour la jeune fille de rencontrer sa famille, de découvrir ses origines, les souffrances des siens qu’elle ne partage pas.
Lors de ce séjour, elle a vécu comme eux, mangé comme eux, subi le désanvoutage, vu des lieux mythiques. Elle peut revenir à Montréal, vers la « civilisation » éloignée de la nature, rassérénée, satisfaite d’avoir accompli son devoir filial. Désormais, elle sait qui elle est et d’où elle vient.
« La rivière Mékiskan » est un roman très prenant dont l’humain en est le centre. Les personnages sont de sang et de chair. Et, à l’évidence, comme tout groupe humain, les Cris sont portés par des coutumes fortes, des croyances, une métaphysique, qui encadrent leur existence et les aident à vivre. Et les Nations dites « modernes » ne leur facilitent pas la vie.
Style agréable avec des expressions Cries.
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Lucie Lacapelle est née à Montréal. Elle a vécu en Abitibi où elle a côtoyé la civilisation amérindienne. Elle est d’ailleurs devenue mère de deux Métis cris.
Lucie Lacapelle est diplômée en communication de l’Université du Québec à Montréal. Elle a été enseignante, notamment au Nunavik, journaliste, consultante en communication, , recherchiste et maintenant réalisatrice. Romancière, elle écrit aussi de la poésie et des nouvelles

et s'adonne à la photographie.


« Je m’intéresse aux rapports de l’être avec le monde qui l’entoure, à l’histoire, au destin, aux rencontres des cultures ». (Lucie Lacapelle )

27 mai 2011

ANGIE (roman)

Titre : ANGIE
Auteur : Fidéline DUJEU
Genre : roman
Editeur : Le Somnambule Equivoque (Belgique)
(Envoi de la Promotion des Lettres Belges)

Le son du cor s’afflige vers les bois
D’une douleur on veut croire orpheline
Qui vient mourir au bas de la colline
Parmi la bise
…. Paul Verlaine dans Sagesse.

Voici un court roman (99 pages), mais magnifique, d’une fulgurance étonnante. Le style dépouillé, heurté, avance par bribes et le lecteur est comme enchaîné dans une tension qui s’accroît de page en page.
L’histoire avance selon une construction originale et le récit se développe par additions successives. Les deux principaux personnages, Sylvain et Angie, s'attirent et se rejettent par écrit interposés. Sylvain, lui, tient son journal.
Le récit :
Sylvain, sourd, d’une surdité psychologique venant de l’enfance, vit chez son père alcoolique. Il est élevé par la compagne de son père, Angie, comme l’aurait fait sa propre mère.
Emma, la mère biologique de Sylvain, s’est suicidée quand il était enfant.
Sylvain écrit régulièrement à sa mère. Il lui exprime son mal être d’adolescent, son besoin d’amour, de protection. Il est certes sourd, mais il peut communiquer, soit à l’aide d’un appareil, soit par le regard et les lèvres. Il lui dit sa découverte de la musique qui s’avère être la passion d’Angie et jadis celle de sa mère. Il écrit aussi à Angie (sans lui faire lire) et lui dit sa reconnaissance.
Son père déserte le domicile et Sylvain est pris en charge par Angie.
La situation est embarrassante et un jour, une lettre d’Angie dévoile le secret : l’amour réciproque autrefois d’Emma et d’Angie, la vie et l’amour à trois sous le même toit. Puis la jalousie, les tensions, le malaise et le suicide par accident d’Emma.
C’en est trop. Sylvain s’enfuit. La route, l’errance, la forêt, la nature et le silence, les rencontres soudaines et brèves.
Ce petit roman nous plonge dans la profondeur de l’âme humaine, nous dévoile le fracas des êtres dû aux passions dévastatrices. Nous fait toucher du doigt le souffrances intérieures.
A partir du lourd et inquiétant silence du début, le récit dévoile une marche vers un ailleurs apaisant et bienfaisant. Cette belle histoire montre aussi la puissance de la musique qui lave, élève et nous réconcilie avec les autres.
Un beau roman d’amour.



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Fidéline DUJEU est née en 1972. C’est une romancière belge qui vit dans le Hainaut.
Après des études de philosophie (licence et agrégation), elle enseigne, puis s’oriente vers la sculpture, l' art du conte, l’écriture. Outre son travail d’écrivain, elle anime régulièrement des ateliers d’écriture.
Fidéline Dujeu a produit 4 romans et un livre jeunesse qu’elle a illustré.
Le roman « Guère d’homme » (2007) a reçu le Prix du Public des bibliothèques du Hainaut. « Angie », le 4ème roman, est celui que nous présentons à nos visiteurs.

4 mai 2011

Accueil de l'écrivaine Francine ALLard (Québec)














(BM de Génelard)





(BM Le BREUIL)


Tournée littéraire de Francine ALLARD en Bourgogne








Le Centre Francophonie de Bourgogne a eu le plaisir et l’honneur d’accueillir Francine ALLARD, l’un des écrivains majeurs de la littérature contemporaine québécoise.
L’auteure domiciliée à OKA (Québec) a posé ses valises à Le Breuil en Bourgogne (71 France), siège du Centre Francophonie, du 14 au 19 mars 2011, avant de rejoindre le salon du Livre de Paris où elle était invitée.






Pendant ces 5 jours, Francine Allard a rencontré 4 classes (2 classes du collège La Croix Menée (Le Creusot) et 2 classes du lycée Hilaire du Chardonnet (Chalon s/Saône) et 2 classes professionnelles étaient prévues au lycée Léon Blum du Creusot (Une sérieuse préparation avait été faite). Au préalable, leurs enseignants avaient fait étudier des extraits d’œuvres de l’auteure. Elle a répondu à de nombreuses questions sur le Québec et naturellement sur ses œuvres.







Et chaque soir, une bibliothèque municipale bourguignonne recevait l’auteure et de nombreux lecteurs ont pu découvrir cette écrivaine cultivée, gaie, dynamique et au parler franc, écouter quelques lectures et entrer dans son univers romanesque.


(BM de St Léger s/Dheune ) (Lycée De Chalon s/Saône)











Francine Allard a été reçue par les bibliothèques municipales de St Léger sur Dheune, Sancé près de Macon, Le Breuil et Génelard. Les auditeurs se sont familiarisés avec les personnages clés de la Couturière, Emilienne et Donatienne. Depuis son passage, les lecteurs réclament désormais cette saga si prenante et demandent aussi, par contre coup, les autres livres de Francine Allard :
J’ai tué Freud…,
Mon père, ce salaud,
Le cri du silence,
Une fleur entre deux pierres
,
et ces petits chefs d’œuvre jeunesse :
La dernière course de Mado Bérangère,
Deux petits ours au milieu de la tornade

ou l’univers secret de Willie Flibot.
Ce qui a frappé aussi les lecteurs, c’est l’indéniable humanité et attention de Francine Allard vis-à-vis de l’enfance handicapée.
Francine Allard assurément a marqué les esprits et ses brèves lectures poétiques ont montré l’étendue de son talent.
Une belle tournée qui a permis des rencontres franches, ouvertes et amicales. Elle laissera des traces, des souvenirs et des contacts.
Une belle illustration de la puissance de la littérature universelle.






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3 mai 2011


Titre : Un papillon sauvage »
Auteur : Joëlle ECORMIER (Ile de la Réunion)
Editeur : Océan Editions (Ile de la Réunion)
Genre : roman jeunesse


Le mot papillon du titre désigne par allégorie, un petit vieux hébergé dans une maison de retraite nommée « Les Papillons », évocation à la fragilité de la vie quand on arrive à son terme.
Le récit.
Un ado, Miky, intrépide et indomptable, est puni par sa mère, chaque après midi, à la bibliothèque de la ville de Golforquin, lieu d’une mine du même nom et doit lire et résumer un livre par jour.
Un certain jour, il découvre à la bibliothèque, un rat omniscient qui deviendra et son ami et un aide et surtout un livre qui lui dévoile l’existence d’une mine désaffectée où se trouve un trésor abandonné par un cambrioleur, auteur du livre.
Dès lors, il n’aura cesse d’explorer la mine, quitte à s’éloigner de sa bande de copains et de sa petite amie (Amy, la bien nommée !).
Cet ado deviendra plus tard un cinéaste reconnu et réalisera même un film sur la mine.
Agé, il reviendra pensionnaire à la maison de retraite « Les Papillons », mais une question le taraude depuis l’enfance qu’il n’a pas élucider. Qui était son père dont sa mère lui répétait sans cesse : « Tu finiras comme ton père !! ».
Il revient donc à cette même bibliothèque et tente de savoir ce qu’est devenu son géniteur.Finalement le journal local de l’époque lui dévoile la réponse que l’on taira.
Roman bien écrit, au style alerte et soigné.
Le récit progresse en miroir en mélangeant présent et passé. Ces flash back évitent la monotonie linéaire et donnent du piquant à l’histoire et le fait de changer en permanence de lieu et de temps casse les repères. Mais un lecteur moyen peut s’y perdre !
On prend du plaisir à lire ce petit roman et on retrouve des thèmes récurrents de l’humanité : le recherche de ses origines, l’attirance des souterrains, le besoin d’un ami sincère, le douleur d’un amour perdu, le besoin d’affection et de sécurité, la nécessité de ne pas dévoiler un secret. Et une certitude : on reste dans la vieillesse ce que l’on a été toute sa vie avec la sagesse en plus..



Commentaires :
Nous avons tenu à présenter ce roman jeunesse qui nous semble de qualité et ouvrir une fenêtre vers les littératures de l’Océan indien qu’on trouve peu sur les rayons de nos bibliothèques. Une Petite réserve : la couverture est peu attirante pour un roman qui s’adresse à la jeunesse.
Joëlle ECORMIER semble avoir une prédilection à brouiller les messages et les mythes. Serait-elle coutumière de ce chamboulement des messages ? Son petit album pour la jeunesse : « Que fait le loup ? » en est un exemple. Tous les codes originaux sont retournés, malmenés, actualisés au 20ème siècle. Pour un adulte, l’humour est fabuleux et le rire assuré, mais malheureusement pour un enfant qui ne comprend pas l’humour et qui ne possède pas certaines références, ce petit album soigné rate sa cible.
Toutefois Joëlle Ecormier est un écrivain majeur et le Centre Francophonie de Bourgogne fera prochainement l’acquisition de ses autres ouvrages.





Joëlle Ecormier est née en 1967 au Tampon (Ile de la Réunion). Après un bac littéraire, elle rêve de parler anglais tous les jours, mais déchante en 1ère année de DEUG anglo-américain. Cependant, elle décroche un diplôme de guide-interprète pour les touristes anglophones. Elle travaille dans les bibliothèques de Toulouse, puis de Cherbourg et écrit pour elle-même..
Après dix années passées à élever ses deux enfants, elle vend des livres dans une grande librairie et, en 1999, son aventure d’écrivain commence avec « Trente jours à tuer ».
Joëlle Ecormier est romancière et auteure de jeunesse. Son travail d’écriture est à l’image de l’île de la Réunion où elle est née, microclimatique et contrastée. Elle a écrit plus d’une vingtaine de livres, parus essentiellement chez Océan Editions pour qui, elle a également traduit de l’anglais, deux albums pour enfants. La pêche aux mots, paru aux éditions Motus dans la collection très graphique « Mouchoir de poche » lui offre d’expérimenter l’illustration dans sa forme la plus minimaliste.
Joëlle Ecormier est devenue un écrivain qui compte dans l’Océan Indien et, en particulier, à l’île de la Réunion.



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Prix du Livre Insulaire 2010, catégorie Fiction, pour "Le petit désordre de la mer", Ouessant, 2010
Prix du roman, La Réunion des livres, 2009 pour "Le petit désordre de la mer".




"Le cadeau de Lancelot", 1er Prix du concours de nouvelles Vedrarias (Ville de Verrières-Le-Buisson), 2001.




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3 février 2011

La persistance du romarin


Titre : « La persistance du romarin »in "La couturière"
Auteure : Francine Allard (Québec)
Editeur : Les trois pistoles (Québec)
Genre : Roman


Francine Allard nous livre ici le 3ème et dernier tome de sa saga « La couturière ».
« La persistance du romarin », le titre de ce 3ème tome, conclut avec brio une histoire de chair et de sentiment, de passion et de haine, de vie et de mort, dans un Québec du 20ème siècle.
L’auteure québécoise d’Oka construit son roman sur deux colonnes vertébrales et cérébrales, sur deux femmes fortes et déterminées. Ce n’est pas un hasard, à notre sens, si Francine Allard, une forte personnalité des Lettres québécoises contemporaines, met en avant : Donatienne et Emilia, deux héroïnes qui ne s’en laissent pas compter. N’est-ce pas volontairement que l’auteure brosse deux portraits féminins, loin de la mièvrerie et des minauderies que l’on trouve souvent dans les portraits classiques féminins ?
Quoi qu’il en soit, on assiste, ravi, à la l’émergence de leur gloire ou réussite. On est témoin de leurs efforts mais aussi de leurs désillusions surtout sentimentales. Curieusement, l’amour vrai, stable, celui qui rassure et réconforte, ne leur sera jamais donné. Il est évident que, derrière ces chefs d’entreprise opiniâtres, se cachent deux êtres sensibles, fragiles, que la vie ne ménage pas.
Il y a des hommes dans ce récit, des compagnons parfois de grande générosité (Le Dr Charles Marineau), or étonnamment, ils resteront toujours à la marge. Sauf Josaphat, le père d’Emilie, que l’auteure décrit en père aimant et réconfortant. Et le restera jusqu’à la fin.
Ce roman ne manque pas de rebondissements, de personnages nouveaux et étonnants, voire dérangés. Une question lancinante pour le lecteur : les deux amants, Donatienne et Josaphat, aux exploits érotiques dans la baignoire au 1er tome, se retrouveront-ils enfin? Nous ne dévoilerons pas ce mystère. Cependant un adulte peut-il oublier si facilement un amour- passion de jeunesse ?
Nul doute que les lecteurs qui ont dévoré les deux premiers tomes vont être comblés par « La persistance du romarin ».
Il y a du trop plein de vie dans ce 3ème livre. Elle y entre à gros bouillon. Les personnages sont plus vrais que nature. Le style est gorgé de sève et de sel. Les drames et les joies s’enchaînent pèle mêle. Et tout à coup tout se retrouve cul par-dessus tête. Certes, on le sait bien, dans l’acte d’écrire, les mots se font souvent maîtres du jeu.
Francine Allard mène tambour battant le récit. Même si parfois la liste un peu longue de couturiers nord américains nous freine un peu, il n’empêche que la description des lieux où se passe l’histoire, les tournures et les termes québécois nombreux, nous plongent, avec joie, au cœur de la belle Province.
Cette saga est bien construite. Les temps de latence que sont les descriptions, belles au demeurant, ralentissent les rebondissements qui se multiplient.
Il faut féliciter l’auteure pour la documentation précise qui a exigé temps et travail.
On se réjouirait si cette passionnante saga devenait, un jour, un téléfilm. Il y a fort à parier que le succès serait, alors, au rendez vous.
Un régal à lire et à faire lire.

Citation : « Elles (Emilia et Donatienne) discutèrent ainsi jusqu'au milieu de la nuit sans jamais laisser s’installer un seul moment de silence…. Emilia n’en revenait pas de ces mille et cent choses qui avaient composé leurs vies, se ressemblant parfois, si distantes autrement. Les années qui les avaient tenues séparées étaient devenues des allées de cimetière, des chemins tortueux, des cris de bernaches sur le Lac St Louis, des romances à deux sous, des amours grandioses, des ruptures dévastatrices. Mais aucune d’elles ne s’étaient laissée amollir par les moments les plus désespérants. Elles avaient tenu le phare grâce à leur grand courage…. Celui que Donatienne avait insufflé…dans les veines d’Emilia. »
On trouvera une présentation de Francine Allard, plus loin dans notre blog.
A nos lecteurs de Bourgogne, nous signalons que Francine Allard sera en Bourgogne du 13 au 19 mars 2011, à l'invitation du Centre Francophonie de Bourgogne. Elle rencontrera, outre des lycéens, les lecteurs des bibliothèques municipales de St Léger sur Dheune, du Breuil, de Sancé à côté de Macon et de Génélard.

20 janvier 2011

accueil de l'écrivain Ahmed KALOUAZ



Ahmed Kalouaz est venu rencontrer, le vendredi 14 janvier 2011, 4 classes qui avaient travaillé auparavant sur certains de ses livres avec leurs professeurs : un CM2 du Devoir à Chalon sur Saône (71), une classe du lycée Hilaire de Chardonnet, toujours à Chalon et 2 classes sections professionnelles du Lycée Léon Blum, Le Creusot (71).





Si Ahmed Kalouaz produit de beaux romans comme" Avec tes mains ", récit qui parle de son père, travailleur émigré ou des textes poétiques, c'est également un grand auteur de livres jeunesse, de grande qualité littéraire, romans qui abordent les grands problèmes de société comme Les jeunes clandestins, le mal logement, la violence conjugale, les jeunes africains footballeurs exploités par les grands clubs européens, la résistance, etc...



Voici une courte présentation de ses rencontres avec les scolaires de Bourgogne.



Le Samedi 15 janvier 2011 @ 02:57:58 Article de Creusot-infos.com

L’écrivain Ahmed Kalouaz était au lycée Léon Blum ce vendredi. Il rencontré les élèves de deux classes pour un bon moments d’échanges.
Il aurait dû venir le 15 octobre dernier, le même jour que l’auteur malien Moussa Konaté. Mais pour cause de grève des transports, il n’avait malheureusement pas pu faire le déplacement. Ce vendredi après-midi, c’était partie remise et c’est donc avec plaisir que le lycée Léon Blum l’a accueilli au CDI du site Lavoisier. Car sa venue a donné lieu à une rencontre une nouvelle fois intéressante pour les lycéens concernés par le café littéraire, dont l’un des objectifs principaux est justement de favoriser des rencontres culturelles.Devant les 2 BP Elec puis les 2 BP Esthétique, et leurs enseignantes respectives, Mesdames Cicchetti et Perceval, toutes les deux professeurs en lettres modernes et histoire/géographie, Ahmed Kalouaz, écrivain français d’origine algérienne, a retracé dans les grandes lignes son parcours atypique et fait part de ses souvenirs. Souvenirs qu’il a également évoqué quand il a parlé de ses livres parmi lesquels on peut citer « Absentes » et surtout « Avec tes mains », ouvrage sorti en 2009 dans lequel il raconte l’histoire de son père, soldat pendant la Seconde Guerre Mondiale, puis immigré en France dans les années 1950. Une intervention suite à laquelle le jeune public lui a posé quelques questions sur sa motivation d’écrire ou bien les sources de son inspiration. Un jeu des questions-réponses au cours duquel le contact entre l’auteur et les lycéens est bien passé. Comme l’a noté Madame Monin, professeur documentaliste, qui en a profité pour rappeler le partenariat existant avec le Centre Francophonie de Bourgogne, association basée au Breuil ayant permis cette deuxième rencontre de l'année scolaire.Elle a aussi annoncé que la prochaine action inscrite au programme du café littéraire sera un concours de nouvelles policières. De quoi inciter les 2 BP Elec, les 2 BP Esthétique et les 1 CAP Coiffure à poursuivre avec envie et intérêt le projet destiné à leur faire découvrir une littérature riche et diverse.
Voici un avis des professeurs:
"Mes collègues m'ont confirmé la richesse des échanges entre Ahmed Kalouaz et les élèves. Filles et garçons ont vraiment apprécié ce moment passé avec cet écrivain. Nous vous chargeons de lui transmettre nos remerciements et les miens pour les dédicaces."

7 janvier 2011

Il y a toujours un rêve qui veille


Titre : Il y a toujours un rêve qui veille
Auteur : Nathalie Chaix
Editeur : Bernard Campiche (Suisse)
Genre : roman


Le titre est extrait du poème « Et un sourire » de Paul Eluard.



Ce roman est construit en puzzles, les saisons rythment les dates et le livre s’achève sur un printemps, symbole de vie nouvelle.
Le thème filé est le manque : le manque de mère, de père et de repères, le manque d’affection, le manque de plénitude sexuelle.
Dès lors, l’histoire avance par adjonction de petits galets comme ceux du Lac de Genève, petits paragraphes souvent poétiques, brefs portraits (la narratrice est photographe) qui tous nous disent leurs manques.
Une orpheline, élevée par sa grand-mère, cherche à combler, adulte, son déficit d’amour et le cherche chez les hommes qui, même parés des plus beaux atours, sont aussi des êtres humains qui ont également leur manque, leur peur, leur égoïsme et la relation parfois intense, réconfortante est éphémère, d’où désillusions, souffrance, solitude, boulimie alimentaire, fuites en avant amoureuses.
Mais l’histoire s’achève comme le sous-entend le titre. Le sourire d’un jeune médecin vient réveiller le rêve.
Construction déroutante au début, style alerte, dépouillé, courtes phrases, phrases nominales, témoignages extérieurs.
L’emploi de messages de portables invente une figure de style nouvelle et originale. Le courrier spontané crée à la fois une mise à distance et une intimité qui convient bien à la relation à deux. Ce face à face par portable interposé donne une liberté instantané d’écrire ou pas, d’être en colère ou inquiets, de se dévoiler sans être pris dans le regard de l’autre. Cette figure de style finalement traduit une relation fragile et intense qui bouleverse le lecteur.
La construction de tout le roman déroute mais l’émotion survient tout à coup car les morceaux du puzzle ne font plus qu’un.
Ce roman ne laisse pas insensible. En effet ce thème du manque n’est-il pas propre à chaque être humain, c'est-à-dire à nous-mêmes ?


Citation « Je vais pêcher les larmes dans ce matin froid »

Nathalie Chaix
vit à Genève. Après des études en communication et en histoire de l'art, elle est à la tête d'une institution muséale au sein du Département de la culture. Son premier roman, Exit Adonis, lui a valu le Prix Georges-Nicole en 2007.
Elle a également été lauréate d'une bourse Nouvel auteur de la Commission consultative pour la mise en valeur du livre de Genève en 2007 ainsi que du Prix Atelier Studer/Ganz en 2009.
Il y a toujours un rêve qui veille, son deuxième roman, questionne l'amour et la création.

2 janvier 2011

Accueil de l'écrivain, poète et universitaire: Tahar BEKRI


Le jeudi 16 décembre 2010, Tahar BEKRI, poète, écrivain et universitaire, invité par la Bibliothèque municipale du Breuil (France) et trois autres Associations dont le Centre Francophonie de Bourgogne, est venu présenter son dernier livre "Salam Gaza", Editions Elyzad, Tunis. (Diffusion en France : Pollen)
Devant un public intéressé mais restreint à cause de la tempête de neige, ce soir-là, l’auteur a parlé de son récent voyage en Palestine, de ses rencontres avec des Palestiniens des Territoires occupés et de son émotion devant la tombe, à Ramallah, du grand poète palestinien, Mahmoud Darwich.
A travers cet ouvrage, le poète a voulu témoigner des souffrances, des privations et de l’étouffement du peuple palestinien.
Le livre est construit en deux parties. La 1ère relate la guerre (fin 2008) contre Gaza, où il n’a pu se rendre, la 2ème aborde son bref séjour dans les Territoires occupés, notamment à Ramallah, Naplouse, Jérusalem –Est et Bir Zeit où il était invité pour des lectures par le Consulat Général de France.
Ce qui a frappé l’écrivain, c’est la réalité de l’occupation avec l’emploi de la monnaie israélienne à l’intérieur des Territoires, les nombreuses constructions de colonies sur les collines, l’utilisation des panneaux de signalisation à des fins de propagande, les interminables check-points, les conditions dans les camps de réfugiés, comme celui de Balata, aux environs de Naplouse.
Mais l’humaniste qu’est l’écrivain a surtout voulu souligner l’injustice énorme qui frappe les Palestiniens. Rappeler les restrictions des libertés, les confiscations régulières de terre, les expulsions, les destructions de maisons, les arrestations et emprisonnements arbitraires (plus de 11000 Palestiniens croupissent dans les geôles israéliennes), les assassinats ciblés, les bombardements intolérables d’écoles ou d’hôpitaux, contraires à toutes les lois internationales et en toute impunité, sans que le concert des nations s’en émeuve. Dénoncer dans cette région du monde une injustice historique que toute conscience humaine ne peut occulter. L’auteur ne partage pas la vision du Hamas qui envoie des roquettes sur Israël, mais cela ne saurait justifier le déluge de feu et de bombes, ces actes de barbarie et crimes de guerre. Le silence des médias occidentaux ou leur parti pris ne peut nous satisfaire ni cacher la tragédie palestinienne car cela constitue les sources d’une menace permanente sur la paix mondiale. Condamner les projets et agissements colonialistes d’Israël dans les Territoires occupés depuis 1967 ne peut être assimilé à de l’antisémitisme, tout aussi méprisable comme tout racisme.
Comme l’a fait remarquer une auditrice dans le public, il y a quelque chose de paradoxal, voire de psychanalytique, dans la politique anti-palestinienne d’Israël. Comment un peuple qui a tant subi : l’anathème, les rejets, les pogroms, la shoah, les camps de concentration, peut-il traiter un autre peuple avec une telle violence ? Les violences sèment la haine, le désespoir, découragent les meilleures volontés.
« Salam Gaza » est un livre profondément humain où se reflète le désir de paix. Il revendique le respect des Droits fondamentaux pour tout individu, où qu’il soit, quelles que soient son origine, sa religion, sa culture, sa langue. Il ne demande ni plus ni moins pour les Palestiniens.
Quoique écrit en prose, « Salam Gaza » est un livre de carnets empreints de poésie. Outre les poèmes de Tahar Bekri, on y trouve de beaux textes de Mahmoud Darwich, Marilyn Hacker, Ghassan Zaqtan, Tristan Cabral…
Un livre qui se veut fraternel et généreux.

Citations extraites de l’ouvrage :
Je n’ai que ma plume pour condamner la haine, dénoncer l’injustice, déjouer le mensonge.
Je n’ai que ma plume pour désavouer l’arrogance des armes, l’ivresse des puissants, la violence des conquêtes.
Le monde ne peut laisser le sang des innocents couler sur les pierres de prière, le monde ne peut se cacher la face au nom de la culpabilité.
------------------------------------------Le Breuil
Avant le débat, Tahar Bekri a rencontré la journaliste du journal de Saône et Loire, voici un extrait de l'article:

"Cet ouvrage est un journal personnel plein de poésie et d'émotions dans lequel s'esquisse une interpellation morale de l'histoire". Pour Tahar, ces quelques jours passés là-bas, lui ont fait découvrir une réalité plus tragique, plus douloureuse, plus violente que ce qui est rapporté et montré dans le monde. « L'opinion mondiale n'est pas assez informée sur la situation des Palestiniens et ce livre était nécessaire pour mieux comprendre. On ne peut pas occulter ce drame qui se déroule depuis longtemps. " (M.C. Cannard)


Avant sa venue, nous avions posé trois questions au poète, nous en publions les réponses

Le Centre Francophonie: 1) Invité par le Consulat Général de France à Jérusalem-Est pour une série de lectures, vous êtes allé dans les Territoires Palestiniens occupés, pourquoi avoir écrit le livre « Salam Gaza » ?

Tahar Bekri: En effet, je suis allé en Cisjordanie en mars 2009 où j’ai fait des lectures et des rencontres à Ramallah, Naplouse, Jérusalem-Est et Bir Zeit. Ce voyage est arrivé après la guerre contre Gaza en décembre-janvier 2008. Ces deux événements constituent la base de mon livre, devenu comme une nécessité qui s’est imposée à moi pour témoigner de la souffrance et de la tragédie palestinienne et interpeller l’Histoire et la conscience universelle. Le poète doit défendre la beauté d’un monde juste et fraternel, ne pas être complice de l’oppression, de la colonisation des terres et la confiscation du droit, l’humiliation des peuples.

Le CFB 2) On connaît votre inlassable souci de justice et de liberté. Est-ce parce que vous avez connu les prisons de Bourguiba et l’exil ?

T.B: Je vis en France depuis 1976 et reviens en Tunisie depuis 1989. L’éthique dans l’écriture me dicte cette conviction forte que sans le respect des valeurs fondamentales, l’humain manquerait de dignité. Qu’est ce que la poésie si elle n’est pas chant de liberté, beauté lumineuse, parole généreuse, quête des vérités profondes, amour de la vie humaine ?

Le CFB 3) Vous êtes connu comme un poète francophone mais vous enseignez aussi la langue arabe à l’Université de Nanterre, vous écrivez également en arabe. Selon vous que peut apporter à l’humanité cette diversité des langues ?

T. B: J’ai eu la chance en Tunisie de suivre un enseignement bilingue que je considère comme une richesse. Cela m’a ouvert deux fenêtres sur deux cultures parmi les plus vivantes. La pluralité et la diversité des langues est comme une mosaïque qui embellit le paysage humain. Ce qui est monochrome est monotone. L’humanité ne s’est pas faite grâce à une seule civilisation ou une seule langue. La diversité linguistique apporte beaucoup à la tolérance culturelle, réduit l’hégémonie, érige le droit des peuples à choisir leur identité.

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