12 décembre 2013

3èmes Rencontres de la Diversité

Les 3èmes Rencontres de la Diversité

Ces Rencontres qui se sont déroulées à Torcy et Le Creusot (France), les 28/29 et 30 novembre 2013 ont débuté par 2 interviews de deux auteurs invitées publiés dans la presse locale. Voici la 1ère

RENCONTRES DE LA DIVERSITE : 3 questions à Sonia CHAMKHI, écrivain (Tunisie)
Le Mercredi 27 novembre 2013 @ 03:15:00 Partager



Le Centre de la Francophonie, animé par Claude Thomas, organise les 3e rencontres de la diversité, dès jeudi soir. Sonia Chamkhi, écrivain, explique ce que pour elle représente la diversité.



     Vous êtes invitée par le CENTRE Francophonie de Bourgogne (Le Breuil), aux 3èmes Rencontres de la Diversité, les 28/29 et 30 novembre qui auront lieu au Creusot (France). Vous qui vivez en Tunisie, terre de passage historique, que représente pour vous la Diversité ?
Sonia CHAMKHI : D’abord c’est avec joie que j’ai accepté cette invitation parce que je crois profondément à l’échange et au partage : des préjugés et parfois même de la méfiance nous séparent et ce genre de rencontre tisse des liens qui ont toutes les chances de venir à bout des réticences et de raviver l’amitié et la compréhension mutuelle. Et c’est encore mieux si cette rencontre porte sur la diversité car celle-ci est d’abord pour moi la reconnaissance de la richesse de la différence d’une part et paradoxalement le lieu de la convergence de l’humain. Une diversité qui reconnaît les singularités, les métissages,  les minorités et postule l’altérité de chacun non comme une menace pour l’intégrité communautaire mais au contraire comme une source d’enrichissement et de renouvellement.
Oui cette conviction est d’autant plus profonde que mon pays a toujours été non seulement une terre de passage mais plus que cela de brassage et de métissage. Ceci nous a prémuni des identités meurtrières pour emprunter une célèbre formule de l’écrivain libanais Amin Maalouf. Mon pays est réellement multiple, ouvert et singulier : africain,  arabe, méditerranéen. Sa culture vivante, de l’art de vivre à l’art tout court tient de l’apport de tous ceux qui ont habité son sol : les berbères, les phéniciens, les romains, les turcs, les arabes, les français, les italiens, les maltais ; musulmans, juifs et chrétiens, ils nous lèguent un héritage de la diversité très précieux et je crois que dans leur majorité, les tunisiens sont conscients de cette immense richesse et personnellement, je me sens profondément de cette pluralité ouverte et féconde.

          Vous avez écrit deux romans. Le dernier « L’homme du crépuscule » (Ed. Arabesques) retrace le tiraillement  d’un jeune Tunisien entre deux cultures, celle de l’Europe occidentale et celle du Maghreb, qu’avez-vous voulu toucher du doigt dans ce roman réussi ?
Oui Iteb, le personnage principal du roman est un exilé. Mais pas n’importe lequel : d’abord c’est un exil forcé, c’est sa mère qui l’oblige alors qu’il est encore adolescent  à rejoindre son père dans la grande capitale du Nord. Aussi son parcours est-il d’abord celui d’un arrachement et d’un déracinement. Iteb reste « étranger » à la culture de son pays d’accueil. Il est en quelque sorte désarmé et subira les préjugés et l’exclusion parce que aussi, il est incapable de faire les premiers pas…il m’a semblé important de peindre le portrait d’un étranger : c’est une manière de donner la parole aux solitaires et aux «  non intégrés » et les faire aimer malgré tout : le roman dévoile son intériorité, sa sensibilité et  sa quête d’amour. Et comme Iteb, en plus de son travail de gardien de parking, est luthiste et chanteur oriental de cabaret, c’est par la musique et le chant que sa part belle et secrète est dévoilée au lecteur. Je traduis les paroles des chansons arabes vers le français et je tente de transcrire les mélodies, les subtilités et le charme envoutant de notre musique dans votre langue qui m’habite autant que ma langue maternelle.
J’ai l’intime conviction que l’art, la musique, la littérature et la poésie viennent à bout de tous les malentendus  : c’est une grâce qui nous unit.
Il est possible que ce récit évoque également le tiraillement entre deux  cultures : celle originelle de Iteb et celle de son pays d’accueil mais si je devais en délimiter un point nodal, je dirais que c’est d’abord le droit à la différence : à défaut d’aimer l’autre parce que nous sommes malheureux ou pas assez généreux ou par peur ou pour un tas d’autres raisons, nous nous devons au moins de le respecter. Le mépris est le sentiment le plus abject disait Sartre : il rabaisse celui qui le porte et celui qui le subit.

          Vous vivez à Tunis où vous enseignez, votre pays vit des moments difficiles. A quelles menaces, les femmes Tunisiennes, considérées comme les plus émancipées du Maghreb, sont-elles confrontées ?
J’aurais souhaité répondre à aucune menace mais il est vrai qu’il a fallu une grande mobilisation pour préserver les acquis à un moment postrévolutionnaire où nous pensions obtenir de nouveaux droits telle que l’égalité à l’héritage. Aussi le fait que cette mobilisation ait porté ses fruits montre que dans sa globalité la société tunisienne tient mordicus au progrès. Les difficultés que connaît mon pays sont conjoncturelles, elles témoignent de tensions certes réelles au sein de la société mais leurs résolutions dans l’ensemble sont positives et aujourd’hui qu’elles sont l’objet d’un véritable débat de société – et non plus le fruit de législations imposées par l’Etat- elles seront, je pense, irréversibles. 

Le programme
Jeudi 28 novembre

 Au C2 à Torcy
20
h30: ciné-conférence de la cinéaste Annabel Loyola

Vendredi 29 novembre
 À 10
h: Animations à la régie des quartiers du Creusot au Tennis. Fabrication de marionnettes marocaines et paroles de femmes avec Halima Hamdame (conteuse et écrivain) (Maroc).
À L’Escale, Le Creusot
Dans la salle
: Stands librairie, Femmes solidaires, exposition de peintures: Femmes d’Afrique d’Annick Bohec (Sens) Annick Bohec (Sens).
14
h30: inauguration. 15h: Débat: «Être fille» avec Halima Hamdame, Sonia Chamkhi, Annick Bohec, et des témoignages divers.
19
h30: musiques et chants du monde: Le groupe «Pagaille» (Musique du Morvan), chansons napolitaines (Emilio Armillès), la chorale Bella italiana, Fado et musiciens portugais, démonstration d’instruments des 5 continents, chanteuse franco-malgache.
Saveurs d’ici et d’ailleurs, buffet payant au choix (préparé par les associations du Cambodge, du Maghreb et de Turquie). Entrée libre

Samedi 30 novembre
À l’Escale, Le Creusot
 De 9
h30 à 11h30: calligraphie japonaise et danse américaine jazz par Marisa Hayes, artiste interdisciplinaire (USA). Inscription 5 € au 06.47.29.36.47.
À 15
h : débat: «La diversité réussie, ça existe». Animé par Claude Thomas. Témoignages divers et interventions de Sonia Chamkhi (Tunisie), Brigitte Tsobgny (Cameroun).
En présence de Nasrine Zaïbi, vice-présidente de la région Bourgogne, chargée de la jeunesse.
 19h30: Musiques & Danses du monde: Flamenco avec Viva Flamenca, Danse orientale, Danses du Morvan (groupe Pagaille).




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