15 février 2015

Tournée littéraire de Denis Pourawa, Nouvelle Calédonie, en Bourgogne.

Aperçu des rencontres de Denis Pourawa, poète Kanak, en Bourgogne, les 23 et 24 janvier 2015, invité par le Centre Francophonie de Bourgogne.

Lecture à 2 voix avec une lycéenne
 Denis Pourawa  a d’abord été accueilli au CDI du lycée Léon Blum, au Creusot où une classe de 2d l’attendait avec de nombreuses questions, puis il a dialogué avec 2 sections professionnelles : coiffure et esthétique. Beaux dialogues, élèves intéressées et questions bien ciblées.

Des lycéennes attentives



la section esthétique









 L’après midi, Denis Pourawa est allé à la rencontre d’un groupe d’adultes à la Maison des Familles à Torcy, petite ville proche du Creusot. Superbe rencontre, dialogue vrai et sympathique.


Rencontre avec les enfants
 Il y a eu aussi une courte rencontre avec des jeunes de l’accompagnement scolaire de Torcy qui avaient travaillé sur son album, « Téâ Kanaké ». Denis Pourawa leur a conté une histoire de son pays. Les enfants étaient ravis et, vedette oblige, il a eu droit à la séance de signatures d’autographes !!!

 Le soir, échange avec une salle comble dans la BM de St Pierre de Varennes, petit village de la région où, le monde est petit, une ancienne habitante de Nouméa est venue le rencontrer et s’est rappelé, émue, sa vie là-bas…. Et le lendemain nouvelle rencontre, cette fois, à la BM de Sancé, ville jouxtant la ville de Macon, le pays du vin, avant de reprendre le TGV pour Paris sous une tempête de neige !!!

L’écrivain kanak a beaucoup parlé de son île, la Nouvelle Calédonie, expliqué le sens culturel du Taro et de l’igname, parlé de la coutume en montrant les gestes et les paroles, a répondu aux nombreuses questions sur son parcours.
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 La presse locale, Creusot infos et le JSL,  l’a interviewé. Nous reproduisons ici, in extenso, l’interview réalisé par le journal de Saône et Loire, puis celui de Creusot infos.

Culture Un poète kanak au Creusot

le 23/01/2015 à 05:00 Vu 194 fois

Denis Pourawa est arrivé en France en 2009 pour une longue « expérimentation » de son écriture. Photo N. M.

Basé au Breuil, le Centre francophonie de Bourgogne reçoit ce vendredi le Néo-Calédonien Denis Pourawa, pour une mini-tournée littéraire sur l’agglomération creusotine. L’écrivain poète kanak a répondu à nos questions.


Comment avez-vous vécu, à l’adolescence, les tensions de 1984-1988 entre opposants et partisans de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ?
J’ai vécu ces événements dans le feu de l’action, avec une violence quotidienne vécue de mes 14 à mes 18 ans, dans mon quartier populaire de Nouméa. À cette violence extérieure s’est ajoutée une violence intérieure. J’ai quitté l’école en 3e car je me suis retrouvé en conflit avec l’Éducation nationale. Les discours de certains professeurs nous faisaient comprendre que l’école n’était pas pour nous. Il y avait d’un côté les Mélanésiens et les Calédoniens, de l’autre les gens issus de la métropole. Ce qui m’a protégé, ce sont les valeurs de ma famille.
Est-ce cela qui vous a poussé à l’écriture ?
L’écriture a été, plus tard, un moyen d’expression et un acte de révolution pour ma génération, cette génération qui a eu la volonté de retrouver nos langues et de les frotter à la langue française. C’est cette émanation qui a donné naissance à de jeunes auteurs voulant parler de nous de l’intérieur, pour qu’on nous comprenne. Pour moi, l’écriture est le fruit de ce que je ressens, de ce que j’ai vécu et de ce qu’on m’a transmis. J’essaie de retrouver ma respiration dans l’écriture.
Qu’est-ce qui vous a amené en France en 2009 ?
Je suis venu pour une résidence d’écriture et de recherche à Paris. J’ai pu expérimenter le travail avec des comédiens et jouer moi-même. Un passage en Pologne m’a permis d’expérimenter cette culture théâtrale. Entre-temps, l’édition de mon recueil de poèmes et textes en vers, La Tarodière, a été un acte fort dans l’expérimentation de mon écriture. Aujourd’hui, j’estime être toujours dans l’expérimentation.
Un référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie doit être organisé d’ici à 2018. Quel regard portez-vous sur cette question ?
Le destin commun sur la Nouvelle-Calédonie ne peut pas être un projet politique, car il part d’une utopie. Et comme l’utopie est poétique, ce destin commun est pour moi un projet poétique. En Nouvelle-Calédonie, le peuple vit déjà ce destin commun, la cohabitation se respire dans la société.
Sur la question identitaire et les valeurs culturelles, les Calédoniens ont la maturité pour aborder ce projet de société porteur. C’est seulement dans le champ politique que des divisions se sont créées. Le peuple vit dans un vide et les propositions politiques ne le satisfont pas. Le plus terrible est que ce peuple calédonien n’est pas éduqué à ses droits, tandis que les jeunes qui partent se former en France ne reviennent pas.
 L’autre grande question est de savoir comment la Nouvelle-Calédonie sera protégée des grands pays qui l’entourent, comme la Chine.
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Trois questions à Denis Pourawa, écrivain Kanak (Nouvelle Calédonie)

Creusot-info, Bonjour monsieur Pourawa,
           1) Vous serez l’invité de la BDSL 71, le 22 janvier, au Breuil, puis l’invité du Centre Francophonie de Bourgogne pour une tournée littéraire ensuite. Vous allez rencontrer des enfants, des lycéens, des lecteurs, dans quel esprit êtes-vous pour cette 1ère visite en Bourgogne ?

                Denis Pourawa : Bonjour à tous. Avant tout, je tiens à exprimer très chaleureusement mes voeux les meilleurs pour les étudiants de Bourgogne. 
Dans quel esprit je suis ? Je suis dans l'esprit de la "poésie", c'est-à-dire, je suis dans un état d'esprit de passion, de clarté et de créativité.
                Dernièrement, sur Paris, un attentat a bouleversé la France entière. C'est terrifiant ! Le monde dans lequel nous sommes, nous citoyens, est un monde sans boussole et sans gouvernail, sans voile et sans capitaine. Le poète, lui, il est boussole, voile, gouvernail et capitaine de son bateau et il navigue dans les flots, les saisons, les intempéries de la société contemporaine, en cherchant à exprimer, quand il le peut, ses aventures et ses expériences. Je suis de cet état d'esprit-là.     

Creusot-info 2) Vous êtes Kanak, de langue xârâcûû, pouvez-nous nous présenter brièvement la société civile de la Nouvelle Calédonie que l’on connaît peu en France ?

           DP- Oui, je suis Kanak, c'est à dire, homme de la terre, humain. Kanak n'est pas une identité comme l'identité française qui désigne un individu d'un pays et d'un endroit géographique du monde. Kanak (kanaka) est un mot Hawaïen qui désigne une personne humaine qui vit sur une île de l'Océanie. C'est un être qui valorise le respect entre les hommes et la nature.
              Pour vous parler de la société civile de la Nouvelle-Calédonie, je vais tout simplement vous dire " Destin Commun". La société civile Kalédonienne est une société multiethnique qui s'exprime par le français, la langue officielle. Il existe aussi 28 langues vernaculaires dont 4 sont enseignées à l'université, dans les collèges et les lycées.
              Mais de tout cet ensemble de langues, nous parlons la langue d'une volonté commune, une langue de création en un "Destin Commun", du partage des richesses humaines, économiques et sociales entre les différentes communautés vivant en Nouvelle-Calédonie.  


Creusot-infos 3) Dans votre belle nouvelle l’horloge végét@le (Vents d’ailleurs éditions), la nature en est au centre. Est-ce une valeur kanake ? Est-ce vitale pour vous parce que vous parlez d’une nature globale (terre, mer, soleil, air, végétaux)? Est-elle en danger en ce moment dans l’île, autour de l’île, (le lagon par exemple) ?

               DP : L'horloge végétale est une petite nouvelle poétique que j'ai commencée à écrire à mon arrivée à Paris en 2008. Et puis, c'est resté dans mes notes. Mes rencontres avec une artiste peintre qui peignait au vernis presque "l'invisible", et puis, un peu plus tard, avec une autre artiste plasticienne qui exprimait son art en créant des chapeaux végétaux, ces rencontres ont été pour moi deux rencontres très fortes qui rejoignaient mon amour pour la nature, le minéral et l'humain bouleversés par les changements climatiques de notre époque.
              Cette petite nouvelle est une forme de conversation hermétique avec un personnage fictif, mais ce personnage répond à " l'homme animal" de Kant. 
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